Crème glacée à l’achillée millefeuille et à la mélisse

Devant l’adversité on célèbre souvent la résilience. Elle est le courage des temps récents, la force des affligés et la lumière au bout du tunnel de ceux qui souffrent. C’est un état d’esprit, une attitude qui permet de transformer une difficulté en leçon et qui appelle une suite heureuse. Elle implique le pardon, l’acceptation du moins, et le désir ferme de continuer à avancer malgré les tempêtes.

Mais la résilience a quelque chose de pernicieux car elle devient parfois l’excuse qui permet à l’inacceptable de prendre place. Elle nous entraîne trop souvent à fermer les yeux sur ce qui peu à peu se meurt et s’étiole, d’accepter l’insupportable fatalité en croyant que demain tout ira mieux.

Et si la résilience, loin de nous servir, ne faisait que nous mener à l’acceptation tacite des urgences environnementales et sociales que nous ne voyons plus tant nous sommes aveuglés par leur omniprésence, sous prétexte que l’homme arrive toujours à trouver une solution et à s’en sortir?

Nous avons perdu depuis 27 ans d’innombrables lieux de cueillette sous la marée de l’étalement urbain. Des terres riches en plantes et en animaux où en remplissant nos paniers de fleurs de sureau nous croisions l’orignal sont remplacées par des carrefours et des feux de circulation. Ça fait un petit mal chaque fois qu’on découvre avec une nouvelle saison, que là où on cueillait la monarde il y a des condos, que là ou poussait l’asclépiade il y a un centre d’achat.

Un peu moins de résilience donc, et un peu de levers de boucliers je vous en prie!

Nous avons comme principale arme le beau et le bon pour contaminer les gens à l’importance d’avoir un peu de forêt dans nos vies, et bien que sa grandeur ne se résume pas à de jolis plats, je me dis que ça ne peut pas faire de tort de la mettre en valeur dans l’assiette.